La Montée vers Pâques ! V. Le Mercredi Saint - « la trahison de Judas » et « le repentir de la courtisane », «

publié dans Actualités le 11 Avril 2012, 11:53

 

« Seigneur la femme coupable de nombreux péchés, ayant perçu Ta Divinité, assume la dignité de myrrhophore et T’apporte de la myrrhe avant Ta sépulture. Elle se lamente en disant : « Malheur à moi, je suis dans la nuit de l’ardente luxure, dans l’amour du péché ténébreux. Accepte le flot de mes larmes, Toi qui des nuages fis sortir l’eau de la mer. Incline Toi vers les gémissements de mon cœur, Toi qui inclinas les cieux par Ton indicible appauvrissement, que je puisse baiser Tes pieds très purs et les essuyer des boucles de mes cheveux ; ces pieds dont les pas à la brise du soir firent frémir Eve dans le paradis et elle se cacha dans la crainte. Qui scrutera le grand nombre de mes péchés ? Qui sondera les abîmes de tes jugements ? Ô mon Sauveur, Libérateur des âmes ! Ne dédaigne pas ta servante, Toi dont la miséricorde est infinie. » (doxasticon –apostiches du Mercredi saint, ton 8) 

 

Le mercredi de la Semaine Sainte est un jour de grand jeûne : l’Eglise garde en mémoire la trahison de Judas et nous invite au repentir, à l’image de la courtisane. L’Evangile lu à vêpres, celui de Matthieu, nous montre avec évidence le lien entre l’onction de la pécheresse et la décision prise par Judas contre son Maître… [Luc] précise qu’il s’agit d’une pécheresse de grand renom et décrit le geste des cheveux dénoués (Luc 7,36-50). Le parfum offert par la courtisane est de très grand prix, c’est pourquoi les apôtres la jugèrent sévèrement, pensant qu’elle faisait un acte contre l’esprit de pauvreté. Les disciples déforment souvent l’enseignement du Maître et durcissent ses positions en arrêtant sa pensée sur un point fixe. Jésus les reprend et exalte la femme : il loue sa démarche généreuse, accepte son amour et lui donne à l’avance la place de myrrhophore, femme « égale aux apôtres » première à témoigner de la Résurrection (Femmes « égales aux apôtres » l’Eglise a reconnu depuis les premiers siècles la place importante des saintes femmes auprès du Christ). (Les Fêtes et la Vie de Jésus Christ, II, la Résurrection, Catéchèse Orthodoxe, cerf).

 

Tropaire de Sainte Cassiani de ConstantinopleΗ Αγία Κασσιανή η υμνογράφος,  Sainte Cassienne l'hymnographe (vers 805-865) qui, selon la tradition de l'Eglise, est l'hymnographe qui écrivit le Tropaire chanté le Mardi saint, « Seigneur la femme coupable de nombreux péchés, ayant perçu Ta Divinité, assume la dignité de myrrhophore et T’apporte de la myrrhe avant Ta sépulture…. », un des plus beaux textes de la semaine sainte, plein d’enseignements ! « Le récit évangélique a inspiré à une moniale Cassia, un poème dans le style byzantin qui tresse un jeu subtil entre les termes juxtaposés soit par association d’idées (ou même par les assonances en grec) soit au contraire par opposition. (Pour lire sur la vie, l’itinéraire et l’œuvre de Sainte CASSIENNE de Constantinople, ce LIEN et sur ce LIEN)Voyons dans ce beau texte, les rapprochements et les contradictions : (i) Les larmes de la pécheresse, source de repentir, évoquent les flots que le Créateur  a fait surgir de la mer au troisième jour de la Création. La pénitence dévient l’acte créateur que chaque homme peut offrir à Dieu; (ii) La poétesse utilise le verbe « incliner » et relie par ce mot l’abaissement du Dieu incarné, sa Kénose, à la miséricorde divine avec laquelle le Christ se penche vers la courtisane et se laisse attendrir par ses pleurs; (iii) Les pieds du Christ baisés par la femme sont les mêmes qui ont fait fuir Eve, pécheresse, loin de Dieu. Par ce rapprochement, les larmes de la courtisane font obtenir le pardon de la première mère. Cassia termine son poème en évoquant deux abîmes qui se rejoignent : le gouffre du péché de l’homme et l’Amour infini de Dieu. (Les Fêtes et la Vie de Jésus Christ, II, la Résurrection, Catéchèse Orthodoxe, cerf).

 

« Seigneur la femme coupable de nombreux péchés, ayant perçu Ta Divinité, assume la dignité de myrrhophore et T’apporte de la myrrhe avant Ta sépulture. Elle se lamente en disant : « Malheur à moi, je suis dans la nuit de l’ardente luxure, dans l’amour du péché ténébreux. Accepte le flot de mes larmes, Toi qui des nuages fis sortir l’eau de la mer. Incline Toi vers les gémissements de mon cœur, Toi qui inclinas les cieux par Ton indicible appauvrissement, que je puisse baiser Tes pieds très purs et les essuyer des boucles de mes cheveux ; ces pieds dont les pas à la brise du soir firent frémir Eve dans le paradis et elle se cacha dans la crainte. Qui scrutera le grand nombre de mes péchés ? Qui sondera les abîmes de tes jugements ? Ô mon Sauveur, Libérateur des âmes ! Ne dédaigne pas ta servante, Toi dont la miséricorde est infinie. » (doxasticon –apostiches du Mercredi saint, ton 8)

 

Le mercredi de la Semaine Sainte est un jour de grand jeûne : l’Eglise garde en mémoire la trahison de Judas et nous invite au repentir, à l’image de la courtisane. L’Evangile lu à vêpres, celui de Matthieu, nous montre avec évidence le lien entre l’onction de la pécheresse et la décision prise par Judas contre son Maître… [Luc] précise qu’il s’agit d’une pécheresse de grand renom et décrit le geste des cheveux dénoués (Luc 7,36-50). Le parfum offert par la courtisane est de très grand prix, c’est pourquoi les apôtres la jugèrent sévèrement, pensant qu’elle faisait un acte contre l’esprit de pauvreté. Les disciples déforment souvent l’enseignement du Maître et durcissent ses positions en arrêtant sa pensée sur un point fixe. Jésus les reprend et exalte la femme : il loue sa démarche généreuse, accepte son amour et lui donne à l’avance la place de myrrhophore, femme « égale aux apôtres » première à témoigner de la Résurrection (Femmes « égales aux apôtres » l’Eglise a reconnu depuis les premiers siècles la place importante des saintes femmes auprès du Christ).(Les Fêtes et la Vie de Jésus Christ, II, la Résurrection, Catéchèse Orthodoxe, cerf).

 

Tropaire de Sainte Cassiani de Constantinople - H Αγία Κασσιανή η υμνογράφος. Sainte Kassiani, l'hymnographe qui, selon la tradition de l'Eglise, écrivit, le tropaire (doxastikon) chanté le Mardi saint: « Seigneur la femme coupable de nombreux péchés, ayant perçu Ta Divinité, assume la dignité de myrrhophore et T’apporte de la myrrhe avant Ta sépulture…. ». Un des plus beaux textes de la semaine sainte, plein d’enseignements ! « Le récit évangélique a inspiré à une moniale Cassia, un poème dans le style byzantin qui tresse un jeu subtil entre les termes juxtaposés soit par association d’idées (ou même par les assonances en grec) soit au contraire par opposition. [Pour lire sur la vie, l’itinéraire et l’œuvre de Sainte CASSIENNE de Constantinople, ce LIEN et ce LIEN]. Voyons dans ce beau texte, les rapprochements et les contradictions : (i) les larmes de la pécheresse, source de repentir, évoquent les flots que le Créateur a fait surgir de la mer au troisième jour de la Création. La pénitence dévient l’acte créateur que chaque homme peut offrir à Dieu; (ii) La poétesse utilise le verbe « incliner » et relie par ce mot l’abaissement du Dieu incarné, sa Kénose, à la miséricorde divine avec laquelle le Christ se penche vers la courtisane et se laisse attendrir par ses pleurs; (iii) Les pieds du Christ baisés par la femme sont les mêmes qui ont fait fuir Eve, pécheresse, loin de Dieu. Par ce rapprochement, les larmes de la courtisane font obtenir le pardon de la première mère. Cassia termine son poème en évoquant deux abîmes qui se rejoignent : le gouffre du péché de l’homme et l’Amour infini de Dieu. (Les Fêtes et la Vie de Jésus Christ, II, la Résurrection, Catéchèse Orthodoxe, cerf).