Dimanche de l’Orthodoxie 2011 : Les Orthodoxes de France célèbrent leur unité dans la foi à la Cathédrale Saint Stéphane !

publié dans Actualités le 13 Mars 2011, 18:27

Dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie à la Cathédrale Saint Stéphane – Mémoire de la restauration du culte des saintes icônes, en l’an 843

Comme il est de tradition, le Dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie a été fêté par les orthodoxes de la région parisienne par une concélébration pan orthodoxe à la Cathédrale grecque Saint Etienne, siège de l’AEOF. La Divine Liturgie, chantée en plusieurs langues par différents chœurs orthodoxes, a été concélébrée par le métropolite Emmanuel (Métropole grecque du Patriarcat Œcuménique) et Mgr Nestor (évêque titulaire du diocèse de Chersonèse, Patriarcat de Moscou), avec la participation de prêtres et de diacres représentants les différents diocèses orthodoxes de France, membres de l’AEOF, et de nombreux fidèles de toutes les juridictions ...  

 

 

 

 

 

Dans la suite de cette info, l’homélie de Mgr Nestor, la procession, l’allocution de Mgr Emmanuel, « l’iconoclasme et la querelle des images », une explication de l’icône du Dimanche de l’Orthodoxie (ci-contre), le Tropaire de la fête et des Extraits du Synodikon du VIIe Concile Œcuménique ainsi qu’un lien sur une homélie sur le dimanche de l’Orthodoxie.

 

[Icône ci-contre: "Le Dimanche de l'Orthodoxie" (65 x 47.5 cm, oeuvre d'Hanania d'Alep, 1922, Couvent grec orthodoxe Notre-Dame de Balamand, Kura, Liban - Patriarcat d'Antioche]

 

Dimanche de l’Orthodoxie  à Bizet 2011: Les Orthodoxes de France célèbrent leur unité dans la foi

L’homélie a été prononcée par Mgr Nestor qui a expliqué la genèse historique et théologique de la crise iconoclaste et les fondements doctrinaux du rétablissement de la vénération des icônes. Il a insisté sur la réalité de l’unité de l’Eglise orthodoxe en France au-delà des différences de traditions qui la constituent et/ou des points de vue qui peuvent apparaître par moment. A la fin de l’office, une procession avec les icônes a eu lieu, puis lecture a été donnée du Synodikon du 7èmeConcile Œcuménique sur l’importance de la vénération des icônes. Le métropolite Emmanuel a insisté sur l’unité qui lie les évêques orthodoxes de France. Il a tenu à remercier Mgr Nestor pour sa concélébration avec lui ce jour, signe d’amitié et de collaboration « entre nos deux Patriarcats ». Il a adressé ses salutations aux autres évêques de l’AEOF qui célèbrent le Dimanche de l’Orthodoxie, comme il est de tradition, dans leurs diocèses respectifs, et qui étaient représentés à la concélébration d’aujourd’hui. Il a insisté sur l’importance du travail effectué depuis des dizaines d’années au sein du Comité inter épiscopal orthodoxe et puis au sein de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, travail régulièrement salué et érigé en modèle de référence dans le cadre du processus préparatoire du Saint et Grand Concile Pan Orthodoxe dont la tenue prochaine est appelée des vœux de tous les orthodoxes. 

 

« L’iconoclasme et la querelle des images »

 

« La querelle des images fut une période tragique dans l’histoire de Byzance et de l’Eglise. « Byzance a vu des gens mourir pour les images », rappelle André Grabar, grand spécialiste des icônes, dans son livre, « Iconoclasme Byzantin ». A l’origine de cette querelle, un courant de pensée hostile à la représentation de Dieu, de la Mère de Dieu et des saints. Il prit de l’ampleur au début du VIII siècle. Le pouvoir politique s’en mêla. Un décret impérial signé en 730 par l’empereur byzantin Léon III (dit l’Isaurien), interdisit les icônes ! Le Patriarche Germain de Constantinople s’y opposa vigoureusement au nom de la vraie tradition et de la théologie de l’Eglise. Il fut déposé en dépit du soutien que lui apporta Grégoire II, pape de Rome, pour qui les icônes sont peintes par les fidèles sur les murs des églises « pour édifier leur esprit et leur cœur et les conduire à Dieu ». Constantin V, fils et successeur de Léon III, prit la défense des iconoclastes (opposés aux icônes) et systématisa leurs thèses doctrinales dans un traité, « Les Interrogations ». Il convoqua un concile iconoclaste et lança une vaste campagne de destruction des icônes. Une persécution de grande ampleur s’abattit sur les défenseurs des icônes. La résistance s’organisa néanmoins essentiellement autour des centres monastiques. Des figures emblématiques, telles que celles de Saint Jean Damascène, le Patriarche Germain, Saint Grégoire de Chypre, et puis, dans un deuxième temps Saint Théodore Studite ont réussi, par leurs écrits et leurs actions, à venir à bout de l’iconoclasme. Le rétablissement solennel des saintes images eut lieu en 787, par un décret dogmatique du VII Concile Œcuménique qui réunit à Nicée de nombreux évêques et moines venant de toutes les contrées chrétiennes. Le triomphe sur l’iconoclasme ne fut définitif qu’en 843 grâce à l’impératrice Théodora. Il est fêté, dans l’Eglise orthodoxe, le premier dimanche du Carême de Pâques, tout comme le Triomphe de l’Orthodoxie. » (Extraits de l’article « Saints de Byzance, une exposition d’exception », C. Saba, revue Byzance, N°10, février mars 2005). 

 

Explication de l’icône du Dimanche de l'Orthodoxie, par Mahmoud Zibawi,

 

 

 

« Le couvent Notre-Dame de Balamand conserve une icône datée de 1722 qui, comme l’indique l’inscription grecque qui la couronne, célèbre la fête du Dimanche de l’Orthodoxie. Oeuvre de Hanania, troisième descendant d’une dynastie d’iconographes travaillant à Alep entre le XVIIe et le XIXe siècle, l’icône suit fidèlement un schéma iconographique fixe adopté par les iconographes dès le bas Moyen Age. L’image est divisée en deux registres. Sur la partie inférieure, un évêque, des moines et une moniale entourent l’icône du Christ. On reconnaît, au centre, Théodore le Studite et Théophane du Grand Champ, défenseurs acharnés des images saintes au IXe siècle. Deux de ces saints confesseurs qui les accompagnent de part et d’autre portent des rouleaux marqués d’inscriptions grecques célébrant “la Vierge, Mère de Dieu et de tous les orthodoxes” et “l’icône non souillée “ du Christ. Au- dessus de cette assemblée, une impératrice, un prince, un évêque et un prélat entourent une grande icône de la Vierge à l’enfant que deux anges gardent pieusement. Sont identifiés, à gauche, l’impératrice Théodora et son fils, le jeune Michel III; à droite, Méthode, grand patriarche de Constantinople. Au VIIIe siècle, on le sait, l’existence de l’Eglise fut dominée par le mouvement iconoclaste. L’image religieuse est au centre de la vie de l’Empire byzantin où elle suscite une querelle et une controverse théologique qui s’étendent sur plus d’un siècle. Au bout d’une longue épreuve de feu, l’icône occupera sa place d’honneur au Cœur de la confession de foi de l’Eglise. Restauré en 843, le culte des images incarne désormais le “Triomphe de l’Orthodoxie”. L’iconoclasme connut deux périodes déterminants. La première commence en 726, quand, déclenché par l’empereur Léon III, ce mouvement rencontre une résistance passionnée. Violente et sanglante, cette période prend fin en 787: sous le règne d’Irène l’Athénienne, le septième Concile Œcuménique restaure l’orthodoxie et rétablit le culte des images. Réunis à Nicée, 357 évêques établirent l’enseignement de l’Eglise concernant les icônes. L’art religieux acquiert sa définition dogmatique: les icônes du Christ, de la Vierge, des saints et des anges sont élevées au rang de la croix et des saintes écritures, “car dans la mesure où ils sont continuellement représentés et contemplés en image, ceux qui les contemplent s’élèvent vers la mémoire et le désir de leur prototype”. La deuxième période de la querelle des images s’étend de 813 à 842. Après la mort de l’empereur iconoclaste Théophile, l’impératrice Théodora restaure le culte des images en 843. L’épigramme du patriarche Méthode sur l’image du Christ reconstituée par l’impératrice commémore cette réhabilitation. “En voyant ton image immaculée, ô Christ, et ta croix tracée en relief, je me prosterne et je vénère ta vraie chair. Etant le Verbe du père, ta nature est hors du temps mais tu as été vu dans le temps, mortel par ta mère. En décrivant ta chair qui a souffert, ô Verbe, je déclare ta nature divine indescriptible. Mais les disciples des dogmes de Mani avec leurs bavardages stupides et prétentieux qualifient d’apparence irréelle ton incarnation par laquelle tu t’es uni au genre humain, et ne pouvant supporter de te voir représenté, dans une rage de colère et d’insolence léonine, ils ont descendu ton image vénérable qui depuis les temps anciens était tracée ici. Mais la reine Théodora, gardienne de la foi, avec ses descendants habillés de pourpre, réfutant leur erreur illicite et imitant les rois pieux, se montrant plus pieuse que tous, l’a restaurée pieusement sur cette porte du palais, pour sa gloire, son éloge et sa réputation, pour le bien de l’Eglise entière, pour le bonheur du genre humain, pour la perte de nos mauvais ennemis et des barbares”. L’icône peinte par Hanania illustre parfaitement cette épigramme. Bien plus, elle énonce magistralement la théologie de l’image. Deux icônes, on l’a dit, sont visibles sur cette peinture de style post-byzantine. Sur le registre inférieur, Théodore le Studite et Théophane du Grand Champ soulèvent l’icône du Christ. Icône des icônes, Jésus scelle la Nouvelle Alliance et révèle la gloire divine, “gloire qu’iI tient de son Père comme Fils unique”. Sur le registre supérieur, les deux anges gardent l’icône de la Vierge à l’enfant. L’image désigne l’Incarnation, mystère qui fonde l’icône. Né de Père indescriptible, le Fils ne peut avoir d’image. Né de Marie, il a une image qui correspond à celle de sa mère. Cette image n’est pas simplement humaine, car elle reflète la dignité paradisiaque de l’homme. Le nouvel Adam vient rétablir la ressemblance divine que le premier Adam qui fut créé à l’image de Dieu a perdue dans sa chute. “ Le verbe non descriptible du Père s’est fait descriptible en s’incarnant de toi, Mère de Dieu”, dit la prière, “ayant établi dans sa dignité originelle l’image souillée, il l’unit à la beauté divine”. Le Dimanche de l’Orthodoxie sacre l’image. L’interdiction de toute représentation formulée et répétée dans l’Ancien Testament est levée par le Christ, pour son corps pour les membres de son corps: sa mère et ses amis saints. Inséparable de son Fils, Marie est l’image suprême de cette nature déifiée qu’elle partage avec les saints. » Mahmoud Zibawi, Historien de l'art, spécialiste de l'art byzantin, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur les icônes, dont l'Icône, sens et histoire (DDB, 1993) et Orients chrétiens (DDB, 1995) préfacés par Olivier Clément. Derniers ouvrages parus: « Bagawat », peintures paléochrétiennes d'Égypte (Picard, 2005) et les Coptes, l'Église du peuple du Pharaon (La Table ronde, 2006). 

 

Tropaire de la Fête du dimanche de l’Orthodoxie (T2) --- « Devant ta sainte icône, nous nous prosternons, Dieu de bonté / implorant le pardon de nos fautes, ô Christ notre Dieu / car Tu as bien voulu souffrir en montant sur la Croix / pour sauver ta créature de la servitude de l’ennemi/ aussi dans l’action de grâces nous Te crions: Tu as rempli de joie l’univers, ô notre Sauveur, en venant porter au monde le salut. »

 

Extraits du Synodikon du Septième Concile Œcuménique (787) « Comme les prophètes l’ont vu, comme les Apôtres l’ont enseigné, comme l’Eglise l’a reçue, selon les dogmes confessés par les docteurs, comme le monde en a convenu, comme la grâce a resplendi, comme la vérité fut démontrée et le mensonge rejeté, comme la sagesse a affirmé sans détour, comme le Christ l’a régi : ainsi nous pensons, ainsi nous parlons, ainsi nous proclamons, honorant le Christ notre vrai Dieu et ses Saints par nos paroles, nos écrits, nos pensées, nos sacrifices, nos temples et nos Icônes, nous prosternant avec piété devant le premier comme Dieu et Seigneur, vénérant les autres en rendant gloire au Maître commun dont ils sont les intimes serviteurs et leur accordant les marques de dévotion qui leur convient. Telle est la foi des Apôtres, telle est la foi des Pères, telle est la foi des orthodoxes, telle est la foi qui soutient le monde. Fraternellement et avec affection qui convient aux pères, nous célébrons les hérauts de la foi, qui ont combattu pour la gloire et l’honneur de la piété, nous les acclamons et nous disons … aux défenseurs de l’Orthodoxie, pieux Empereurs, très saints Patriarches, Evêques, Docteurs, Martyrs, Confesseurs ; Eternelle mémoire … Priant Dieu d’être instruits et affermis par leurs enseignements, les combats et les luttes qu’ils ont menés jusqu’à la mort pour la piété, en le suppliant de faire de nous jusqu’à la fin les imitateurs de leur vie déifiée, puissions-nous être dignes de ce que nous demandons, par la miséricorde et la grâce de notre glorieuse Dame la Mère de Dieu et toujours vierge Marie, des Anges à l’apparence divine et de tous les Saints. Amen. »

 

Homélie du Père Archimandrite Job Getcha (ancien doyen de l'Institut de théologie Orthodoxe Saint Serge) sur le dimanche de l'Orthodoxie - prononcée à la Cathédrale Saint Stephane en février 2004